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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 20:35

A mi-chemin entre Lorient, Pontivy et Ploërmel, en pleine campagne. Quelque part du côté de Baud. Sur les hauteurs, en lisière de fôret. Là, se trouve une grande pierre plate, particulièrement travaillée. Au centre, deux trous conjoints ont été creusés, de forme très particulière: il s'agit de pouvoir placer un corps dans le plus grand des deux. L'autre, plus petit, rond, pour reposer la tête. Entre les deux, une rigole, qui permet de recueillir...le sang!

Cette pierre sacrificielle est un vestige de l'ère druidique. Ces ministres de la religion, particulièrement influent dans la société, étaient très implantés en Bretagne depuis l'arrivée des Celtes.

Le nom druide vient de "dru-wides", qui signifie "trés brillant", "trés savant", ou encore "trés voyant". En effet, les druides exercent la fonction de prêtre mais également de chaman et de guérisseur, connaissant les secrets des plantes et des animaux. Les connaissances des druides évoluent au fil du temps de par leur mode de transmission (oral), chacun ajoutant son expérience à celle des autres druides.

Dans l'antiquité, l'enseignement druidique est dispensé au sein des "écoles buissonnières" qui ont à l'époque le sens "d'école sylvestre" et non la signification actuelle... Leur grand savoir fait aussi des druides des ambassadeurs ou conseillers occasionnels (il est dit que "nul ne parle avant le roi, mais le roi ne parle pas avant son druide"), ou encore des juges impartiaux, usant de leur sagesse pour régler les conflits.
Ils sont en outre les seuls à avoir le droit de pratiquer les sacrifices humains (très occasionnellement, souvent des prisonniers de guerre) ou animaux.

Aujourd'hui, les druides n'ont pas complètement disparu...Bien sûr, certains rites ont été abandonnés depuis longtemps (comme les sacrifices !) mais la tradition perdure grâce à quelques irréductibles. Des amoureux de la spiritualité et de la nature qui se retrouvent toujours pour partager leurs secrets, notamment dans certaines sociétés fort discrètes telles que le Gorsedd de Bretagne fondé en 1899.

 

 

 

 

Les druides
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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 19:06

Le voyageur qui se promène dans les sous-bois de Bretagne peut être amené à faire de bien étranges rencontres. Au détour d'un buisson, un lutin peut apparaître, seul, ou avec ses compagnons. Qu'on les nomme pou piquets, kormandons, ou le plus souvent korrigans (du breton "korr" qui signifie "nain"), ces esprits sont légion.

Ils peuvent être bienveillants ou malfaisants. Leur apparence peut varier, mais ils sont aisément reconnaissables à leur petite taille, leur laideur légendaire, leur chevelure hirsute sous un chapeau plat à ruban de velours, et leurs yeux rouges très lumineux.
Il faut prendre garde à ne pas s'attarder sur ce regard, car c'est là que réside leur pouvoir d'ensorceler les hommes, que ce soit en vue d'une farce, d'un piège mortel, ou d'empêcher la découverte d'un trésor secret caché dans les collines.

Les korrigans affectionnent particulièrement les fontaines et les sources, aux abords desquelles ils allument parfois de grands feux. Celui qui les dérange pendants leurs fêtes et danse nocturnes se verra peut-être proposé un défi. S'il réussit à le relever, un voeu peut lui être accordé. Mais s'il échoue, il peut être envoyé directement en enfer ou dans une prison souterraine dont nul n'est jamais revenu.

Tous les 31 octobre (pour la fête de Samain, le nouvel an celtique ayant donné plus tard halloween), les korrigans s'aventurent non loin des dolmens, et tentent d'entraîner les vivants dans le monde souterrain, pour apaiser les morts. Les souterrains sont le royaume de ces lutins, ils y sont nés, et il est dit qu'ils y retournent pour mourir, car leur âge a beau être un mystère, ils n'en sont pas moins des êtres mortels.

On peut aussi les apercevoir à proximité des églises, jouant des tours pendables aux ecclésiastiques, ce qui a fait d'eux le symbole de la résistance bretonne face à la christianisation, là où la légende rejoint l'histoire.

 

Les Korrigans
Les Korrigans
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2 juin 2011 4 02 /06 /juin /2011 17:43

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Une légende parmis plein d'autre qui nous viens de Brocéliande, une terre, une forée qui nous cache bien des mystére.

 

Kement-man oa d’ann amzer
Ma ho devoa dennt ar ier.

 

Il était une fois, deux pauvres gens, mari et femme, qui avaient sept enfants, six garçons et une fille. Le plus jeune des garçons, Yvon, et la fille Yvonne, étaient un peu pauvres d’esprit, ou du moins le paraissaient, et leurs frères leur faisaient toutes sortes de misères. La pauvre Yvonne en était toute triste, et ne riait presque jamais. Tous les matins, ses frères l’envoyaient garder les vaches et les moutons, sur une grande lande, avec un morceau de pain d’orge ou une galette de blé noir pour toute pitance, et elle ne revenait que le soir, au coucher du soleil. Un matin que, selon son habitude, elle conduisait ses vaches et ses moutons au pâturage, elle rencontra en son chemin un jeune homme si beau et si brillant qu’elle crut voir le soleil en personne. Et le jeune homme s’avança vers elle et lui demanda :
— Voudriez-vous vous marier avec moi, jeune fille ?
Voilà Yvonne bien étonnée et bien embarrassée de savoir que répondre.
— Je ne sais pas, dit-elle, en baissant les yeux ; on me fait assez mauvaise vie, à la maison.
— Eh bien ! Réfléchissez-y, et demain matin, à la même heure, je me retrouverai ici, quand vous passerez, pour avoir votre réponse.
Et le beau jeune homme disparut, alors. Toute la journée, la jeune fille ne fit que rêver de lui. Au coucher du soleil, elle revint à la maison, chassant devant elle son troupeau et chantant gaîment. Tout le monde en fut étonné, et l’on se demandait :
— Qu’est-il donc arrivé à Yvonne, pour chanter de la sorte ?
Quand elle eut rentré ses vaches et ses moutons à l’étable, elle se rendit auprès  de sa mère, et lui conta son aventure et demanda ce qu’elle devait répondre, le lendemain.
— Pauvre sotte ! Lui dit sa mère, quel conte me faites-vous là ? Et puis, pourquoi songer à vous marier, pour être malheureuse ?
— Je ne le serai jamais plus qu’à présent, ma mère. Sa mère haussa les épaules, et lui tourna le dos.
Le lendemain matin, aussitôt le soleil levé, Yvonne se rendit, comme à l’ordinaire, à la grand’lande, avec ses vaches et ses moutons. Elle rencontra, au même endroit que la veille, le beau jeune homme, qui lui demanda encore :
— Eh bien ! Mon enfant, voulez-vous être ma femme ?
— Je le veux bien, répondit-elle, en rougissant.
— Alors, je vais vous accompagner jusque chez vos parents, pour demander leur consentement.
Et il alla avec elle chez ses parents. Le père et la mère et les frères aussi furent étonnés de voir un si beau prince, et si richement paré, vouloir épouser la pauvre bergère, et personne ne songea à dire non.
— Mais, qui êtes-vous aussi ? demanda pourtant la mère.
— Vous le saurez, le jour du mariage, répondit le prince.
On fixa un jour pour la cérémonie et le prince partit, alors, laissant tout le monde dans le plus grand étonnement, et l’on s’occupa des préparatifs de la noce.
Au jour convenu, le prince vint, avec un garçon d’honneur presque aussi beau que lui. Ils étaient montés sur un beau char doré, attelé de quatre magnifiques chevaux blancs ; et ils étaient si parés et si brillants, eux et leur char et leurs chevaux, qu’ils éclairaient tout, sur leur passage, comme le soleil.
Les noces furent célébrées avec beaucoup de pompe et de solennité, et, en se levant de table, le prince dit à la nouvelle mariée de monter sur son char, pour qu’il la conduisît à son palais. Yvonne demanda un peu de répit, afin d’emporter quelques vêtements.
— C’est inutile, lui dit le prince, vous en trouverez à discrétion, dans mon palais.
Et elle monta sur le char, à côté de son mari. Au moment de partir, ses frères demandèrent :
— Quand nous voudrons faire visite à notre soeur, où pourrons-nous la voir ?
— Au Château de Cristal, de l’autre côté de la Mer Noire, répondit le prince. Et il partit aussitôt.
Environ un an après, comme les six frères n’avaient aucune nouvelle de leur sœur, et qu’ils étaient curieux de savoir comment elle se trouvait avec son mari, ils résolurent d’aller à sa recherche. Les cinq aînés montèrent donc sur de beaux chevaux et se mirent en route. Leur jeune frère Yvon voulut aussi les accompagner, mais ils le forcèrent à rester à la maison.
Ils marchaient, ils marchaient, toujours du côté du soleil levant, et demandant partout des nouvelles du Château de Cristal. Mais, personne ne savait où se trouvait le Château de Cristal. Enfin, après avoir parcouru beaucoup de pays, ils arrivèrent un jour sur la lisière d’une grande forêt, qui avait au moins cinquante lieues de circonférence. Ils demandèrent à un vieux bûcheron qu’ils rencontrèrent s’il ne pouvait pas leur indiquer la route pour aller au Château de Cristal. Le bûcheron leur répondit : — Il y a dans la forêt une grande allée que l’on appelle l’allée du Château de Cristal, et peut-être conduit-elle au château dont vous parlez, car je n’y suis jamais allé.
Les cinq frères entrèrent dans la forêt. Ils n’étaient pas allés loin, qu’ils entendirent un grand bruit, au-dessus de leurs têtes, comme d’un orage passant sur les cimes des arbres, avec du tonnerre et des éclairs. Ils en furent effrayés, et leurs chevaux aussi, au point qu’ils eurent beaucoup de peine à les maintenir. Mais, le bruit et les éclairs cessèrent bientôt, et ils continuèrent leur route. La nuit approchait, et ils étaient inquiets, car la forêt abondait en bêtes fauves de toute sorte. Un
d’eux monta sur un arbre, pour voir s’il n’apercevrait pas le Château de Cristal, ou quelque autre habitation.
— Que vois-tu ? Lui demandèrent ses frères, d’en bas.
— Je ne vois que du bois, du bois…. de tous les côtés, au loin, au loin !…
Il descendit de l’arbre, et ils se remirent en marche. Mais, la nuit survint, et ils ne voyaient plus pour se diriger dans la forêt. Un d’eux monta encore sur un arbre.
— Que vois-tu ? Lui demandèrent ses frères.
— Je vois un grand feu, là-bas !
— Jette ton chapeau dans la direction du feu, et descends.
Et ils se remirent en route, dans la direction où était le feu, persuadés qu’il devait y avoir là quelque habitation humaine. Mais, bientôt ils entendirent encore un grand bruit, au-dessus de leurs têtes, beaucoup plus grand que la première fois. Les arbres s’entrechoquaient et craquaient, et des branches cassées et des éclats de bois tombaient à terre, de tous côtés. Et du tonnerre ! Et des éclairs !… c’était effrayant !… Puis, tout d’un coup, le silence se rétablit, et la nuit redevint calme et sereine.
Ils reprirent leur marche, et arrivèrent au feu qu’ils cherchaient. Une vieille femme, aux dents longues et branlantes, et toute barbue, l’entretenait, en y jetant force bois. Ils s’avancèrent jusqu’à elle, et l’aîné d’entre eux lui parla de la sorte :
— Bonsoir, grand’mère ? Pourriez-vous nous enseigner le chemin pour aller au Château de Cristal ?
— Oui vraiment, mes enfants, je sais où est le Château de Cristal, répondit la vieille ; mais, attendez ici jusqu’à ce que mon fils aîné soit rentré, et celui-là vous donnera des nouvelles toutes fraîches du Château de Cristal, car il y va tous les jours. Il est en voyage, pour le moment, mais, il ne tardera pas à rentrer. Peut-être même l’avez-vous vu, dans la forêt ?
— Nous n’avons vu personne, dans la forêt, grand’mère.
— Vous avez dû l’entendre, alors, car on l’entend ordinairement où il passe, celui-là….Tenez ! Le voilà qui arrive : l’entendez-vous ?
Et ils entendirent, en effet, un vacarme pareil à celui qu’ils avaient entendu deux fois, dans la forêt, mais plus effrayant encore.
— Cachez-vous, vite, là, sous les branches d’arbres, leur dit la vieille, car mon fils, quand il rentre, a toujours grand’faim, et je crains qu’il ne veuille vous manger.
Les cinq frères se cachèrent de leur mieux, et un géant descendit du ciel, et, dès qu’il eut touché la terre, il se mit à flairer l’air et dit :
— Il y a ici odeur de chrétien, mère, et il faut que j’en mange, car j’ai grand’faim !
La vieille prit un gros bâton, et, le montrant au géant : — « Vous voulez toujours tout manger, vous ! Mais, gare à mon bâton, si vous faites le moindre mal à mes neveux, les fils de ma sœur, des enfants si gentils et si sages, qui sont venus me voir. »
Le géant trembla de peur, à la menace de la vieille, et promit de ne pas faire de mal à ses cousins.
Alors, la vieille dit aux cinq frères qu’ils pouvaient se montrer, et les présenta à son fils, qui dit :
— Ils sont bien gentils, c’est vrai, mes cousins, mais, comme ils sont petits, mère !
Enfin, en leur qualité de cousins, il voulut bien ne pas les manger.
— Non seulement vous ne leur ferez pas de mal, mais, il faut encore que vous leur rendiez service, lui dit sa mère.
— Quel service faut-il donc que je leur rende ?
— Il faut que vous les conduisiez au Château de Cristal, où ils veulent aller voir leur sœur.
— Je ne puis pas les conduire jusqu’au Château de Cristal, mais, je les conduirai volontiers un bon bout de chemin, et les mettrai sur la bonne voie.
— Merci, cousin, nous n’en demandons pas davantage, dirent les cinq frères.
— Eh bien ! Couchez-vous là, près du feu, et dormez, car il faut que nous partions demain matin, de bonne heure. Je vous éveillerai, quand le moment sera venu.
Les cinq frères se couchèrent dans leurs manteaux, autour du feu, et feignirent de dormir ; mais, ils ne dormaient pas, car ils n’osaient pas trop se fier à la promesse de leur cousin le géant. Celui-ci se mit, alors, à souper, et il avalait un mouton à chaque bouchée.
Vers minuit, il éveilla les cinq frères et leur dit :
— Allons ! Debout, cousins ; il est temps de partir !
Il étendit un grand drap noir sur la terre, près du feu, et dit aux cinq frères de se mettre dessus, montés sur leurs chevaux. Ce qu’ils firent. Alors, le géant entra dans le feu, et sa mère y jeta force bois, pour l’alimenter. A mesure que le feu augmentait, les frères entendaient s’élever graduellement un bruit pareil à celui qu’ils avaient entendu dans la forêt, en venant, et, peu à peu, le drap sur lequel ils étaient se soulevait de terre, avec eux et leurs chevaux. Quand les habits du géant furent consumés, il s’éleva dans l’air, sous la forme d’une énorme boule de feu. Le drap noir s’éleva aussi à sa suite, emportant les cinq frères et leurs chevaux, et les voilà de voyager ensemble, à travers Pair. Au bout de quelque temps, le drap noir, avec les cinq, frères et leurs chevaux, fut déposé sur une grande plaine. Une moitié de cette plaine était aride et brûlée, et l’autre moitié était fertile et couverte d’herbe haute et grasse. Dans la partie aride et brûlée de la plaine, il y avait un troupeau de chevaux, gras, luisants et pleins
d’ardeur ; au contraire, dans la partie où l’herbe était abondante et grasse, on voyait un autre troupeau de chevaux maigres, décharnés et se soutenant à peine sur leurs jambes. Et ils se battaient et cherchaient à se manger réciproquement.
Le géant, ou la boule de feu, avait poursuivi sa route, après avoir déposé les frères sur cette plaine, et il leur avait
dit :
— Vous êtes là sur la bonne voie pour aller au Château de Cristal ; tâchez de vous en tirer, à présent, de votre mieux, car je ne puis vous conduire plus loin.
Leurs chevaux étaient morts en touchant la terre, de sorte qu’ils se trouvaient, à présent, à pied. Ils essayèrent d’abord de prendre chacun un des beaux chevaux qu’ils voyaient dans la partie aride de la plaine ; mais, ils ne purent jamais en venir à bout. Ils se rabattirent, alors, sur les chevaux maigres et décharnés, en prirent chacun un, et montèrent dessus. Mais, les chevaux les emportèrent parmi les ajoncs et les broussailles qui couvraient une partie de la plaine, et les jetèrent à terre, tout meurtris et sanglants. Les voilà bien embarrassés ! Que faire ?
— Retournons à la maison, nous n’arriverons jamais à ce château maudit, dit un d’eux.
— C’est, en effet, ce que nous avons de mieux à faire, répondirent les autres.
Et ils retournèrent sur leurs pas ; mais, ils évitèrent de repasser par l’endroit où ils avaient rencontré la vieille femme qui entretenait le feu, et le géant son fils.
Ils arrivèrent enfin à la maison, après beaucoup de mal et de fatigue, et racontèrent tout ce qui leur était arrivé, dans leur voyage. Leur jeune frère Yvon était, selon son ordinaire, assis sur un galet rond, au coin du foyer, et, quand il entendit le récit de leurs aventures et tout le mal qu’ils avaient eu, sans pourtant réussir à voir leur sœur, il dit :
— Moi, je veux aussi tenter l’aventure, à mon tour, et, je ne reviendrai pas à la maison sans avoir vu ma sœur Yvonne.
— Toi, imbécile ! Lui dirent ses frères, en haussant les épaules.
— Oui, moi, et je verrai ma sœur Yvonne, vous dis-je, en quelque lieu qu’elle soit.
On lui donna un vieux cheval fourbu, une vraie rosse, et il partit, seul.
Il suivit la même route que ses frères, se dirigeant toujours du côté du soleil levant, arriva aussi à la forêt et, à l’entrée de l’avenue du Château de Cristal, il rencontra une vieille femme qui lui demanda :
— Où allez-vous ainsi, mon enfant ?
— Au Château de Cristal, grand’mère, pour voir ma sœur.
— Eh bien ! Mon enfant, n’allez pas par ce chemin-là, mais par celui-ci, jusqu’à ce que vous arriviez à une grande plaine ; alors, vous suivrez la lisière de cette plaine, jusqu’à ce que vous voyiez une route dont la terre est noire. Prenez cette route-là, et, quoi qu’il arrive, quoi que vous puissiez voir ou entendre, quand bien même le chemin serait plein de feu, ne vous effrayez de rien, marchez toujours droit devant vous, et vous arriverez au Château de Cristal, et vous verrez votre sœur.
— Merci, grand’mère, répondit Yvon, et il s’engagea dans le chemin que lui montra la vieille.
Il arriva, sans tarder, à la plaine dont elle lui avait parlé, et la côtoya tout du long, jusqu’à ce qu’il vît la route à la terre noire. Il voulut la prendre, suivant le conseil de la vieille, mais, elle était remplie, à l’entrée, de serpents entrelacés, de sorte qu’il eut peur et hésita un moment. Son cheval lui-même reculait d’horreur, quand il voulait le pousser dans ce chemin. Comment faire ? Se dit-il ; on m’a pourtant dit qu’il fallait passer par là !
Il enfonça ses éperons dans les flancs de son cheval, et il entra dans la route aux serpents et à la terre noire. Mais, aussitôt, les serpents s’enroulèrent autour des jambes de l’animal, le mordirent, et il tomba mort sur la place. Voilà le pauvre Yvon à pied, au milieu de ces hideux reptiles, qui sifflaient et se dressaient menaçants autour de lui. Mais, il ne perdit pas courage pour cela ; il continua de marcher, et arriva enfin à l’autre extrémité de la route, sans avoir éprouvé aucun mal. Il en fut quitte pour la peur.
Il se trouva, alors, au bord d’un grand étang, et il ne voyait aucune barque pour passer de l’autre côté, et il ne savait pas nager, de sorte qu’il était encore fort embarrassé. — « Comment faire ? Se disait-il ; je ne veux pourtant pas retourner sur mes pas ; j’essayerai de passer, arrive que pourra. »
Et il entra résolument dans l’eau. Il en eut d’abord jusqu’aux genoux, puis jusqu’aux aisselles, puis jusqu’au menton, et enfin par-dessus la tête. Il continua d’avancer, malgré tout, et finit par arriver, sans mal, de l’autre côté de l’étang.
En sortant de l’eau, il se trouve à l’entrée d’un chemin profond, étroit et sombre et rempli d’épines et de ronces qui allaient d’un bord à l’autre de la route, et avaient racine en terre des deux bouts. — « Je ne pourrai jamais passer par là, se disait-il. » Il ne désespéra pourtant pas. Il se glissa, à quatre pattes, par-dessous les ronces, rampa comme une couleuvre et finit par passer. Dans quel état, hélas ! Son corps était tout déchiré et tout sanglant, et il n’avait plus le moindre lambeau de vêtement sur lui. Mais, il avait passé, malgré tout.
Un peu plus loin, il vit venir à lui, au grand galop, un cheval maigre et décharné. Le cheval, arrivé près de lui, s’arrêta comme pour l’inviter à monter sur son dos. Il reconnut alors que c’était son propre cheval, qu’il avait cru mort. Il lui témoigna beaucoup de joie de le retrouver en vie, et monta sur son dos en lui disant : — « Mille bénédictions sur toi, mon pauvre animal, car je suis rendu de fatigue. Je n’en puis plus. »
Ils continuèrent leur route, et arrivèrent alors à un endroit où il y avait un grand rocher, placé sur deux autres grands rochers. Le cheval frappa du pied le rocher de dessus, qui bascula aussitôt et laissa voir l’entrée d’un souterrain, et il entendit une voix qui en sortit, et dit : — « Descends de ton cheval, et entre. »
Il obéit à la voix, descendit de cheval et entra dans le souterrain. Il fut d’abord suffoqué par une odeur insupportable, une odeur de reptiles venimeux de toute sorte. Le souterrain était, de plus, fort obscur, et il ne pouvait avancer qu’à tâtons. Au bout de quelques moments, il entendit derrière lui un vacarme épouvantable, comme si une légion de démons s’avançait sur lui. Il faudra, sans doute, mourir ici, pensa-t-il. Il continua, pourtant, d’avancer de son mieux. Il vit enfin poindre devant lui une petite lumière, et cela lui donna du courage. Le vacarme allait toujours croissant, derrière lui, et approchant. Mais, la lumière aussi grandissait, à mesure qu’il s’avançait vers elle. Enfin, il sortit sain et sauf du souterrain…
Il se trouva alors dans un carrefour, et il fut encore embarrassé. Quel chemin prendre ? Il suivit celui qui faisait face au souterrain, et continua d’aller tout droit devant lui. Il y avait beaucoup de barrières sur ce chemin, hautes et difficiles à franchir. Ne pouvant les ouvrir, il grimpait sur les poteaux, et passait par-dessus. La route allait, à présent, en descendant, et, à l’extrémité, tout lui paraissait être de cristal. Il voyait un château de cristal, un ciel de cristal, un soleil de cristal, enfin tout ce qu’il voyait était de cristal. — « C’est dans un château de cristal qu’on m’a dit que ma sœur demeure, et j’approche, sans doute, du terme de mon voyage et de mes peines, car voilà bien un château de cristal, » — se dit-il avec joie.
Le voilà près du château. Il était si beau, si resplendissant de lumière, que ses yeux en étaient éblouis. Il entra dans la cour. Comme tout était beau et brillant, par-là ! Il voit un grand nombre de portes sur le château ; mais, elles sont toutes fermées. Il parvient à se glisser dans une cave, par un soupirail, puis, de là, il monte et se trouve dans une grande salle, magnifique et resplendissante de lumière. Six portes donnent sur cette salle, et elles s’ouvrent d’elles-mêmes, dès qu’il les touche. De cette première salle, il passe dans une seconde, plus belle encore. Trois autres portes sont à la suite les unes des autres, donnant sur trois autres salles, toutes plus belles les unes que les autres. Dans la dernière salle, il voit sa sœur endormie sur un beau lit. Il reste quelque temps à la regarder, immobile d*admiration, tant il la trouve belle. Mais, elle ne s’éveillait pas, et le soir vint. Alors, il entend comme le bruit des pas de quelqu’un qui vient et fait résonner des grelots, à chaque pas. Puis, il voit entrer un beau jeune homme, qui va droit au lit sur lequel était couchée Yvonne, et lui donne trois soufflets retentissants. Pourtant, elle ne s’éveille ni ne bouge. Alors, le beau jeune homme se couche aussi sur le lit, à côté d’elle. Voilà Yvon bien embarrassé, ne sachant s’il doit s’en aller ou rester. Il se décide à rester, car il lui paraît que cet homme traite sa sœur d’une singulière façon. Le jeune mari s’endort aussi à côté de sa femme. Ce qui étonne encore Yvon, c’est qu’il n’entend pas le moindre bruit dans le château, et qu’il paraît qu’on n’y mange pas. Lui-même, qui était arrivé avec un grand appétit, n’en a plus du tout, à présent. La nuit se passe dans le plus profond silence. Au point du jour, le mari d’Yvonne s’éveille et donne encore à sa femme trois soufflets retentissants. Mais, elle ne paraît pas s’en apercevoir, et ne s’éveille toujours pas. Puis il part aussitôt.
Tout cela étonnait fort Yvon, toujours silencieux, dans son coin. Il craignait que sa sœur ne fût morte. Il se décida enfin, pour s’en assurer, à lui donner un baiser. Elle s’éveilla alors, ouvrit les yeux et s’écria, en voyant son frère près d’elle :
— Oh ! Que j’ai de joie de te revoir, mon frère chéri !
Et ils s’embrassèrent tendrement. Alors Yvon demanda à Yvonne :
— Et ton mari, où est-il, sœur chérie ?
— Il est parti en voyage, frère chéri.
— Est-ce qu’il y a longtemps qu’il n’a pas été à la maison ?
— Non, vraiment, il n’y a pas longtemps, frère chéri ; il vient de partir, il n’y a qu’un moment.
— Comment, est-ce que tu ne serais pas heureuse avec lui, ma pauvre sœur ?
— Je suis très heureuse avec lui, frère chéri.
— Je l’ai pourtant vu te donner trois bons soufflets, hier soir, en arrivant, et trois autres, ce matin, avant de partir.
— Que dis-tu là, frère chéri ? Des soufflets !… C’est des baisers qu’il me donne, le soir et le matin.
— De singuliers baisers, ma foi ! Mais, puisque tu ne t’en plains pas, après tout… Comment, mais on ne mange donc jamais ici ?
— Depuis que je suis ici, mon frère chéri, je n’ai jamais éprouvé ni faim, ni soif, ni froid, ni chaud, ni aucun besoin, ni aucune contrariété. Est-ce que tu as faim, toi ?
— Non, vraiment, et c*est ce qui m’étonne. Est-ce qu’il n’y a que toi et ton mari dans ce beau château ?
— Oh ! Si. Nous sommes nombreux ici, mon frère chéri. Quand je suis arrivée, j’ai vu tous ceux qui y sont ; mais, depuis, je ne les ai jamais revus, parce que je leur avais parlé, quoiqu’on me l’eût défendu.
Ils passèrent la journée ensemble, à se promener par le château et à causer de leurs parents, de leur pays et d’autres choses. Le soir, le mari d’Yvonne arriva, à son heure ordinaire. Il reconnut son beau-frère, et témoigna de la joie de le revoir.
— Vous êtes donc venu nous voir, beau-frère ? Lui dit-il.
— Oui, beau-frère, et ce n’est pas sans beaucoup de mal.
— Je le crois, car tout le monde ne peut pas venir jusqu’ici ; mais, vous retournerez à la maison plus facilement : je vous ferai passer les mauvais chemins.
Yvon resta quelques’ jours avec sa sœur. Son beau-frère partait, tous les matins, sans dire où il allait, et était absent durant tout le jour. Yvon, intrigué par cette conduite, demanda, un jour, à sa sœur :
— Où donc va ton mari ainsi, tous les matins ? Quel métier a-t-il aussi ?
— Je ne sais pas, mon frère chéri ; il ne m’en a jamais rien dit. Il est vrai que je ne le lui ai pas demandé aussi.
— Eh bien ! Moi, j’ai envie de lui demander de me permettre de l’accompagner, car je suis curieux de savoir où il va ainsi, tous les jours.
— Oui, demande-le-lui, mon frère chéri.
Le lendemain matin, au moment où le mari d’Yvonne s’apprêtait à partir, Yvon lui dit :
— Beau-frère, j’ai envie de vous accompagner, aujourd’hui, dans votre tournée, pour voir du pays, et prendre l’air ?
— Je le veux bien, beau-frère ; mais, à la condition que vous ferez tout comme je vous dirai.
— Je vous promets, beau-frère, de vous obéir en toute chose.
— Écoutez-moi bien, alors : il faudra, d’abord, ne toucher à rien et ne parler qu’à moi seul, quoi que vous voyiez ou entendiez.
— Je vous promets de ne toucher à rien et de ne parler qu’à vous seul.
— C’est bien ; partons, alors.
Et ils partirent de compagnie du Château de Cristal. Ils suivirent d’abord un sentier étroit, où ils ne pouvaient marcher tous les deux de front. Le mari d’Yvonne marchait devant, et Yvon le suivait de près. Ils arrivèrent ainsi à une grande plaine sablonneuse, aride et brûlée. Et, pourtant, il y avait là des bœufs et des vaches gras et luisants, qui ruminaient tranquillement couchés sur le sable et qui paraissaient heureux. Cela étonna fort Yvon ; mais, il ne dit mot, pourtant.
Plus loin, ils arrivèrent à une autre plaine où l’herbe était abondante, haute et grasse, et, pourtant, il y avait là des vaches et des bœufs maigres et décharnés, et ils se battaient et beuglaient à faire pitié. Yvon trouva tout cela bien étrange encore, et il demanda à son beau-frère :
— Que signifie donc ceci, beau-frère ? Jamais je n’ai vu pareille chose : des vaches et des bœufs de bonne mine et luisants de graisse, là où il n’y a que du sable et des pierres, tandis que, dans cette belle prairie, où ils sont dans l’herbe jusqu’au ventre, vaches et bœufs sont d’une maigreur à faire pitié, et paraissent près de mourir de faim.
— Voici ce que cela signifie, beau-frère. Les vaches et les bœufs gras et luisants, dans la plaine aride et sablonneuse, ce sont les pauvres qui, contents de leur sort et de la condition que Dieu leur a faite, ne convoitent pas le bien d’autrui ; et les vaches et les bœufs maigres, dans la prairie où ils ont de l’herbe jusqu’au ventre, et qui se battent continuellement et paraissent près de mourir de faim, ce sont les riches, qui ne sont jamais satisfaits de ce qu’ils ont et cherchent toujours à amasser du bien, aux dépens des autres, se querellant et se battant constamment.
Plus loin, ils virent, au bord d’une rivière, deux arbres qui s’entrechoquaient et se battaient avec tant d’acharnement qu’il en jaillissait au loin des fragments d’écorce et des éclats de bois. Yvon avait un bâton à la main, et, quand il fut près des deux arbres, il interposa son bâton entre les deux combattants, en leur disant :
— Qu’avez-vous donc à vous maltraiter de la sorte ? Cessez de vous faire du mal, et vivez en paix.
A peine eut-il prononcé ces paroles, qu’il fut étonné de voir les deux arbres se changer en deux hommes, mari et femme, qui lui parlèrent ainsi :
— Notre bénédiction sur vous ! Voici trois cents ans passés que nous nous battions ainsi, avec acharnement, et personne n’avait pitié de nous, ni ne daignait nous adresser la parole. Nous sommes deux époux qui nous disputions et nous battions constamment, quand nous étions sur la terre, et, pour notre punition, Dieu nous avait condamnés à continuer de nous battre encore ici, jusqu’à ce que quelque âme charitable eût pitié de nous, et nous adressât une bonne parole. Vous avez mis fin à notre supplice, en agissant et en parlant comme vous l’avez fait, et nous allons, à présent, au paradis, où nous espérons vous revoir, un jour.
Et les deux époux disparurent aussitôt.
Alors Yvon entendit un vacarme épouvantable, des cris, des imprécations, des hurlements, des grincements de dents, des bruits de chaînes… C’était à glacer le sang dans les veines.
— Que signifie ceci ? demanda-t-il à son beau-frère.
— Ici, nous sommes à l’entrée de l’enfer ; mais, nous ne pouvons pas aller plus loin ensemble, car vous m’avez désobéi. Je vous avais bien recommandé de ne toucher et de n’adresser la parole à nul autre que moi, durant notre voyage, et vous avez parlé et touché aux deux arbres qui se battaient, au bord de la rivière. Retournez auprès de votre sœur, et moi, je vais continuer ma route. Je rentrerai à mon heure ordinaire, et alors, je vous mettrai sur le bon chemin pour retourner chez vous. »
Et Yvon s’en retourna au Château de Cristal, seul et tout confus, pendant que son beau-frère continuait sa route.
Quand sa sœur le vit revenir :
— Te voilà déjà de retour, mon frère chéri ? Lui dit-elle.
— Oui, ma sœur chérie, répondit-il, tout triste.
— Et tu reviens seul ?
— Oui, je reviens seul.
— Tu auras, sans doute, désobéi en quelque chose à mon mari ?
— Oui, j’ai parlé et touché à deux arbres qui se battaient avec acharnement, au bord d’une rivière, et alors ton mari m’a dit qu’il fallait m’en retourner au château.
— Et, comme cela, tu ne sais pas où il va ?
— Non, je ne sais pas où il va.
Vers le soir, le mari d’Yvonne rentra, à son heure habituelle, et dit à Yvon :
— Vous m’avez désobéi, beau-frère ; vous avez parlé et touché, malgré ma recommandation et malgré votre promesse de n’en rien faire, et, à présent, il vous faut retourner encore un peu dans votre pays, pour voir vos parents ; vous reviendrez ici, sans tarder, et ce sera alors pour toujours.
Yvon fit ses adieux à sa sœur. Son beau-frère le mit alors sur le bon chemin pour s’en retourner dans son pays, et lui dit :
— Allez, à présent, sans crainte, et au revoir, car vous reviendrez, sans tarder.
Yvon chemine par la route où l’a mis son beau-frère, un peu triste de s’en retourner ainsi, et rien ne vient le contrarier, durant son voyage. Ce qui l’étonné le plus, c’est qu’il n’a ni faim, ni soif, ni envie de dormir. A force de marcher, sans jamais s’arrêter, ni de jour ni de nuit, — car il ne se fatiguait pas non plus, — il arrive enfin dans son pays. Il se rend à l’endroit où il s’attend à retrouver la maison de son père, et est bien étonné d’y trouver une prairie avec des hêtres et des chênes fort vieux.
— C’est pourtant ici, ou je me trompe fort, se disait-il.
Il entre dans une maison, non loin de là, et demande où demeure Iouenn Dagorn, son père.
— Iouenn Dagorn ?… Il n’y a personne de ce nom par ici, lui répond-on.
Cependant un vieillard, qui était assis au foyer, dit :
— J’ai entendu mon grand-père parler d’un Iouenn Dagorn ; mais, il y a bien longtemps qu’il est mort, et ses enfants et les enfants de ses enfants sont également tous morts, et il n’y a plus de Dagorn dans le pays.
Le pauvre Yvon fut on ne peut plus étonné de tout ce qu’il entendait, et, comme il ne connaissait plus personne|dans le pays et que personne ne le connaissait, il se dit qu’il n’avait plus rien à y faire, et que le mieux était de suivre ses parents où ils étaient allés. Il se rendit donc au cimetière et vit là leurs tombes, dont quelques-unes dataient déjà de trois cents ans.
Alors, il entra dans l’église, y pria du fond de son coeur, puis mourut sur la place, et alla, sans doute, rejoindre sa sœur, au Château de Cristal.

 

©Conté par Louis Le Braz, tisserand, à Prat (Côtes d'Armor), novembre 1873.

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 19:36

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Tu te confonds dans le ciel noir
Ta main crispe le gouvernail
Tu es l'ankou dans ma mémoire
Le prince noir de Cornouaille

 

Sur les hauts-fonds et les écueils
Tu mènes ta route d'enfer
Montrant aux cœurs qui ont souffert
La plus juste idée du bonheur


Tu es le vieil ankou marin
Ton navire n'est ni près ni loin
Nul n'a jamais pu l'aborder
Près de la Baie des Trépassés

 

Ton bateau navigue sans sillage
Tu n'as pas besoin d'équipage
Tu vas contre vents et marées
Toi premier noyé de l'année

 

Sur les vagues échevelées

Tu mènes ta route d'enfer
Montrant aux cœurs qui ont souffert
La plus juste idée du péché

 

Tu es le vieil ankou marin
Ton navire n'est ni près ni loin
Nul n'a jamais pu l'aborder
Près de la Baie des Trépassés

 

Tu mènes ta moisson bénie
Les corps flottant entre deux eaux
Tu les prendras sur ton bateau
Dont il ne verront que la quille

 

Le mortel baiser de Morgarne
Frappe les marins les plus forts
Et tandis que terre s'éloigne
Tu mènes la barque des morts

 

Tu es le vieil ankou marin
Ton navire n'est ni près ni loin
Nul n'a jamais pu l'aborder
Près de la Baie des Trépassés

 

©Michel Tonnerre - L'Ankou marin

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 19:17

Ayant déjà posté un article sur la légende de l'Ankou je m'attarde cette fois sur une autre histoire en rapport avec celle-ci, l'histoire de la faux que porte toujours l'Ankou sur lui qui lui vaut le doux nom de "la faucheuse".

 

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Kement-man oa d’ann amzer
Ma ho devoa dennt ar ier.

 

Il y avait à Ploumilliau un forgeron qui s'appelait Fañch ar Floc'h. Ses affaires marchaient fort bien car il était très habile dans son métier. Il avait toujours plus de travail qu'il n'en pouvait exécuter. Ses enfants étaient bien nourris, bien tenus.
Bref, ce n'était pas lui qui aurait eu besoin de passer un pacte avec le vieux Polig. Au surplus, c'est une chose qu'il aurait jamais faite, car il était trop bon chrétien pour cela.


Cette année là, la veille de Noël, il se hâtait de terminer les travaux les plus urgents afin d'être libre pour la fête, quand se présenta un de ces meilleurs clients qui lui apportait une paire de roues de char à bancs à ferrer. Il en avait absolument besoin pour le lendemain parce qu'il devait aller porter ses voeux à son vieux parrain qui demeurait au - delà de Morlaix. Il insista tant que Fañch promit de faire un effort et de tenir prêtes, coûte que coûte, les deux roues pour le lendemain à la première heure.


Mais ferrer une roue n'est pas un petit travail. Il faut retirer la vieille ferrure, puis façonner un cercle neuf à la taille convenable et vous voyez le temps que cela prend. On porte ensuite ce cercle au rouge pour le dilater et quand il est à l'exacte température voulue, il faut sans perdre un instant l'ajuster avec adresse et avec beaucoup de précision autour de la jante de bois puis l'arroser d'eau froide afin qu'il ne brûle pas le bois et se rétracte tout de suite, emprisonnant la roue dans un étau dont elle ne puisse se dégager. Ces opérations étaient loin d'être achevées quand sa femme appela Fañch pour le souper. Il congédia ses compagnons et son apprenti et, en se mettant à table, déclara à son épouse :


- Il faudra que tu ailles seule à la messe de minuit avec les enfants : je ne serai jamais prêt à t'accompagner. J'ai encore une roue à ferrer, que j'ai promise pour demain sans faute.


- Tu comptes y arriver seul?


- Il le faut bien. C'est éreintant, mais je l'ai déjà fait. Quand j'aurai fini, je ne serai pas en état d'aller à l'église : c'est de mon lit que j'aurai besoin.


- Fais attention, au moins, que la cloche de l'Elévation ne te trouve pas encore au travail.


- Oh! pour cela, sois tranquille. A ce moment - là je ronflerai déjà comme un bienheureux.


Sa dernière bouchée avalée, il retourna à son enclume et se mit à battre le fer avec ardeur. Pour se mettre dans l'ambiance de Noël, il fredonnait le cantique "War ar ménez, ar Bastored" (sur la montagne, les bergers...). Il avait laissé la fenêtre de la forge ouverte pour être sûr d'entendre sonner les cloches. Il aperçut sa femme et ses enfants qui partaient pour le bourg, des lanternes à la main, dans le vent et la froidure. Il leur cria bonne route et sa femme lui fit un petit signe de la main en disant :


- Nous prierons pour toi. Mais souviens - toi, surtout, de ne pas dépasser l'heure sainte.


- Aucun danger. J'aurai bientôt fini. Et je surveille l'heure.


Quand on est occupé, on ne se rend pas compte de la fuite du temps. Et quand on tapa à tour de bras sur des morceaux de fer avec un gros marteau, il n'est pas étonnant qu'on n'entende pas le carillon des cloches dans le lointain. Au moment où il se dit que la messe n'allait sans doute pas tarder à commencer, le prêtre avait déjà achevé de distribuer la communion.


La bandage était terminé et il n'avait plus qu'à le faire chauffer au fer rouge afin d'en cercler la roue. Il quitta donc son enclume pour aller tirer sur la chaîne de son grand soufflet, lorsqu'il s'aperçut qu'un personnage dont il ne pouvait distinguer les traits le contemplait par la fenêtre ouverte.


- Salut, répondit - il poliment, car il avait de bonnes manières.


Il remarqua que l'homme était grand et maigre, qu'il était vêtu de noir et coiffé d'un feutre à larges bords. Mais ni la voix ni la silhouette ne lui rappelaient qui que ce fût du pays.


- J'ai vu de la lumière chez vous, reprit l'inconnu, et j'aurais justement besoin de vos services.


- Je suis désolé, dit Fañch, mais je ne vais pas pouvoir vous satisfaire, car il faut que je finisse de ferrer cette roue et je ne voudrais pas que la cloche de l'Elévation me surprenne en plein travail.


L'homme eut un petit rire sarcastique.


- Pour cela, forgeron, vous retardez quelque peu.


- Que voulez - vous dire?


- Il y a un bon quart d'heure que la cloche de l'Elévation a sonné.


- Mon Dieu! ce n'est pas possible!


- Eh si! de sorte que maintenant, travailler un peu plus, un peu moins, ça ne changera rien. D'ailleurs, ce que j'ai à vous demander ne vous prendra pas plus de cinq minutes. Il s'agit seulement de river un clou.


L'inconnu saisit une faux qu'il avait appuyée contre le mur et en montra la lame qui branlait autour du manche.


- Vous voyez, il manque un clou.


- Bon, dit Fañch, on va vous réparer ça. Mais, par Dieu, qu'avez - vous à faire avec une faux dans la nuit de Noël?


- Ceci n'est pas votre affaire, dit l'homme d'un ton sec. Faites votre travail c'est tout.


Le forgeron avait hâte de se débarrasser du personnage, dont les manières ne lui plaisaient pas du tout. Il prit la faux et la posa sur son enclume.


- Mais dites donc! elle est emmanchée à l'envers cette faux. Le tranchant est tourné en dehors. Quel est l'abruti qui vous a fait ce travail?


- Ne vous inquiétez pas de ça. Laissez la lame montée comme elle est et occupez vous seulement de la fixer solidement.


Fañch, qui n'aimait pas qu'on lui parle sur ce ton, ne desserre plus les dents et se dépêcha, en quelques coups de marteau rageurs, de river un autre clou à la place de celui qui manquait.


- Voilà votre outil, dit - il. Le fer ne bougera plus.


- Merci. Maintenant, je vais vous payer.


- Bah! ce n'était rien. Ca ne vaut pas qu'on en parle.


- Toute peine mérite salaire, mais ce n'est pas de l'argent que je vous offre, Fañch ar Floc'h. Un précieux avertissement je ne dis pas. Mettez vos affaires en ordre, recommandez votre âme à Dieu et, dès que votre femme rentrera, dites - lui de retourner tout de suite au bourg chercher le prêtre car, au premier chant du coq, je viendrai vous prendre.


Fañch se dépêcha d'achever de ferrer sa roue, car un travail promis doit être exécuter. Puis il rentra classer quelques papiers et dresser la liste des créances que sa femme aurait à recouvrer. Après quoi, il se mit au lit. Il était bouillant de fièvre.
Sa femme le trouva le visage baigné de sueur, les yeux mi - clos, récitant son chapelet.


- Hâte toi, lui demanda - t - il, d'aller quérir le prêtre.


Au chant du coq, il rendit l'âme, pour avoir forgé la faux de l'Ankou.

 

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 19:01

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Bretagne, pays des fées,
des gardiens d'épées,
de Kerjean, des baliniers,
de serments et de fidélité...


Terre de légendes,
d'un bout à l'autre de ses landes...


Du nord à l'est,
du sud a l'ouest,
d'argoat en armor,
de la légende d'Azénor.


Ici l'on entend encore,
le chant des sirènes, peut-être quelques remords,
portés par ce vent qui souffle si fort.

   
Les légendes sont là...
à l'orée d'un bois,
jaillissant d'une fontaine,
de promenades incertaines,
de derrière un rocher,
gardant trace de l'épée...
ou encore de l'océan...


Ouvrez grand vos oreilles,
entendez les voix des âmes damnées, pleurant
Ys et ses merveilles.

   
Bretagne, pays de traditions bien ancrées,
légendes, elfes, fées,
korrigans, dragons et chevaliers,
font partie de ces terres,
font partie de cet air,
font partie de cette mer...                                  

Auteur : Anne Cheviron (Eluniel) - © An Arvorig

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2 avril 2011 6 02 /04 /avril /2011 18:41

Origine et mythe de la cité d'Ys


Ys est une sorte d'Atlantide bretonne. L'histoire dit qu'elle fut engloutie par Dieu pour la punir de ses péchés. Le premier récit réellement complet (à partir duquel tous les récits actuels sont écrits) est dû à Charles Guyot et date de 1926.
Il est très marqué par l'image de la femme au XIXe siècle. La légende de la ville d'Ys n'a pas été fixée. Il n'y a pas d'histoire originelle, les versions les plus anciennes datant d'après la christianisation de la Bretagne. Il n'y a que des variations plus ou moins bonnes autour d'un thème, lui-même peu stable. Globalement elle se rattache à deux groupes de mythes celui des villes englouties et celui des déesses du Nord particulièrement irlandaises et galloises, ancien culte de la Déesse-mère. Aujourd'hui, il existe une grande quantité de versions, plus ou moins éloignées du mythe.

 

Voici l'une d'elle.

 

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Kement-man oa d’ann amzer
Ma ho devoa dennt ar ier.

 

En des temps fort reculés, régnait sur le royaume de Cornouailles (Finistére Sud) le roi Gradlon-Meur (Gradlon le Grand). Dans sa jeunesse, il s'était surtout fait remarqué par ses nombreuses conquêtes guerrières, qui lui avaient valu gloire et puissance. Et c'est lors d'une guerre contre les pays nordiques qu'il rencontra une belle princesse scandinave, qui passait pour être un peu sorcière, mais qu'il résolut de prendre pour femme. Celle-ci lui offrit un cheval, nommé Morvac'h, d'un noir flamboyant et au regard de braise, qui n'avait pas son égal sur toute la Terre. Après avoir séjourné quelques temps dans le Nord, le roi décida de rejoindre son royaume de Cornouailles. Mais sa femme accoucha d'une petite fille durant le voyage, et en mourut. L'enfant née sur les eaux fut appelée Dahut, et elle devint fille de la mer, car celle-ci avait marqué son empreinte définitive sur elle.

 

De retour en Cornouailles, Gradlon entreprit un long deuil, et tout l'amour qu'il avait eu pour sa femme, il le prodigua à sa fille. Dans un même temps, il commença un règne pacificateur où il fut davantage occupé à répondre aux besoins de ses sujets. Sa rencontre avec un ermite dans une forêt le fit convertir au christianisme, et partout dans le pays s'élevèrent églises et cathédrales. A celle de Quimper, il nomma Saint Corentin, homme de bon conseil, qui l'assista dans son règne pieux. Il voyait dans l'évêque un modèle, en fait sa seule source d'inquiétude était que sa fille Dahut refusait tous les enseignements religieux. Aux discours des prêtres, elle préférait ceux de l'Océan, avec qui elle allait souvent dialoguer. Mais Gradlon aimait trop sa fille pour lui en tenir rigueur, ce que Corentin ne manquait pas de lui reprocher.

 

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Le temps passant, Dahut devint une jeune femme incroyablement belle, mais chaque jour plus insouciante, provocante et orgueilleuse. Mais dans cette contrée devenue chrétienne, elle s'ennuyait terriblement et avait de plus en plus la religion en horreur. Un jour elle n'y tint plus, et elle demanda à son père qu'il lui construisît sa cité à elle, une cité où nul prêtre ne pourrait pénétrer et où seuls les plaisirs régneraient. Gradlon résista d'abord, puis il faiblit, et malgré les avertissements de Corentin, finit par céder. Il fit construire secrètement la cité, à l'emplacement même où Dahut avait l'habitude d'aller jouer quand elle était petite. Et un jour il emmena sa fille sur la grève de son enfance, et celle-ci découvrit éberluée une magnifique cité blanche, la plus belle qui pouvait se trouver de part le monde. Ainsi naquit la ville d'Ys, où Gradlon et Dahut s'établirent désormais.

 

Hélas, dans la cité les sept péchés capitaux régnaient en maître, tout n'était que débauche. Les commerçants s'enrichissaient honteusement en attaquant les navires marchands des autres nations. Corentin s'en arrachait les cheveux, et fit pression sur Gradlon pour qu'on y construisît au moins une cathédrale. Celui-ci s'exécuta malgré la colère et les reproches de sa fille... Mais las ! La plus grande cathédrale du royaume était aussi la plus désertée. Et ce malgré les efforts de Saint Gwénolé, qui à force de miracles ne parvint pourtant jamais à remplir la cathédrale plus d'une journée. Il avertit que la patience de Dieu était à bout, mais la population n'en avait cure. Il tenta de convaincre Gradlon d'agir, mais avec l'âge le roi était devenu bien faible.

 

Cependant la notoriété de la cité s'étendait désormais à tous les royaumes du continent, et chaque jour c'était nombre de princes et de représentants qui arrivaient pour rendre leurs hommages à la belle Dahut. Et celle-ci les recevait bien mieux qu'on ne se l'imagine... Elle organisait chaque soir de grands banquets, puis choisissait dans le lot un amant pour passer la nuit. Ses serviteurs lui remettaient un masque pour que l'élu ne soit pas reconnu quand il irait rejoindre la princesse. Or le masque était ensorcelé, et l'aube pointant, il étranglait le malheureux qui le portait. Alors un homme habillé en noir, aux ordres de Dahut, allait jeter le corps au fond du gouffre du Huelgoat, en offrande à la mer.

 

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Or un soir, c'est un prince magnifique, grand, barbu, vêtu de rouge et à l'oeil de feu, qui prétendait arriver des extrémités de la Terre, qui arriva à la cour de la cité d'Ys. Il résista aux attaques de la princesse, et tel est pris qui croyait prendre, ce fut elle qui tomba irrémédiablement sous son charme. L'étranger eut dès lors une très grande influence sur elle, et il ne fut plus rien qu'elle ne fît sans son assentiment. Il était la perversité incarnée, en qui Dahut avait trouvé son maître. Et la situation dans Ys devint pire que jamais.

 

Il faut savoir que la ville d'Ys avait été bâtie contre les flots, et ce qui empêchait que la mer s'y engouffrât et la submergeât, c'était un ingénieux système d'écluses, que nul ne pouvait ouvrir sans en posséder les clefs. Or les clefs, c'était Gradlon qui les avait toujours autour de son cou... Et l'étranger réclama à Dahut les clefs de la ville. Sous son emprise, celle-ci lui obéit et alla les dérober à son père durant son sommeil. Alors l'étranger se découvrit sous son vrai visage : celui du Diable. Avant que Dahut n'ait eu le temps de faire quoi que ce soit, il disparut et toutes les portes des écluses furent ouvertes, et dans un tulmute effrayant l'Océan envahit la Cité.

 

Réveillé par Saint Gwénolé qui lui était venu en apparition, Gradlon entreprit de se sauver. Il enjamba son cheval Morvac'h qui partit au galop, guidé par le saint homme. Alors le roi aperçut sa fille, qui l'appelait et l'implorait. Il avait toujours été un (trop) bon père, aussi il la prit en croupe. Mais Morvac'h, qui portait désormais sur lui le poids du Mal, s'en trouva ralentit, et les flots gagnaient en distance. Saint Gwénolé ordonna au roi de jeter le démon qui était assis derrière lui, mais il ne le pouvait... C'était sa fille, quand même ! Alors Gwénolé la poussa de sa crosse et Dahut bascula dans les flots pour y disparaître. Alors l'Océan s'apaisa. Mais de la cité, il ne restait plus rien de visible.

 

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Toutefois, Dahut n'est pas morte pour autant. Elle est devenue sirène et se nomme désormais Morgane. Quant aux habitants de la cité, leurs âmes n'ont pu être sauvées, ils restent maudits et condamnés à errer dans la ville sous-marine dévastée. Pour qu'elles soient sauvées, il faut qu'un vivant accepte de descendre dans la cathédrale engloutie et de répondre à la messe du prêtre des revenants. Si un jour vous allez à Douarnenez, le jour de la grande marée au mois de mars, regardez au large de la baie : quand la mer sera au plus bas, vous verrez surgir hors des flots la croix du clocher de la cathédrale, ultime vestige de la cité à être encore visible une fois par an.

 

 

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15 janvier 2011 6 15 /01 /janvier /2011 13:10

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La légende du pont du diable (Pont Krac'h) est une légende local du Léon.

 

Il existait autrefois sur la rive de l'Aber, côté Plouguerneau, un petit moulin qui approvisionnait en farine les habitants des environs mais aussi ceux de Lannilis, de l'autre côté de la riviére. Pour desservir ses clients, le meunier devait accomplir un long détour qui l'obligeait à emprunter, souvent lourdement chargé, des pentes abruptes.

Aussi fut-il heureux le jour où le diable, qu'il avait invoqué en pestant, lui proposa un marché:

<<Tu veut un pont. Demain tu pourras traversé la rivière, mais à une condition: que la premiére âme qui emprunte ce pont m'appartienne!>>

Marché conclu, et, la nuit venue, le diable, armé d'un grand marteau se mit au travail.

Au premières lueurs de l'aube seuls quelques blocs de pierre manquaient encore lorsque le meunier s'approcha, chargé d'un sac. Le diable se réjouissait déjà, lorsque le meunier s'arretta et ouvrit le sac.

Il en jaillit un chat noir qui en quelques bonds eut franchi le pont. Le diable furieux d'avoir été joué (chacun sait que les âmes des chats noirs lui appartiennent déjà), lança de dépit son marteau qui se ficha en terre et prit la forme d'une croix en granit, à laquelle manque un croisillon à l'extrémité supérieure.

Une telle croix existe encore coté Lannilis.

 

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30 décembre 2010 4 30 /12 /décembre /2010 20:16

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Quand la nuit est tombée, ne tardez pas au lavoir... de peur d'y rencontrer les lavandières de la nuit.

Ce sont des fantômes qui sont connus dans toute la Bretagne.
Issues de femmes défuntes, mortes le plus souvent de mort violente, en couche, assassinées ou suicidées et n'ayant achevées leurs tâches sur terre, elles reviennent la nuit pour y effectuer leurs tâches quotidiennes.
Si au détour d'un chemin, sur les bords d'un ruisseau, d'une rivière ou aux abords d'un lavoir, vous les entendez battre le linge, tournez les talons et filez aussi vite que vos jambes le peuvent. Si par malheur une d'elle vous adressais la parole, ne lui répondez pas, n'acceptez son aide sous aucun prétexte. Si d'aventure vous vous avisiez de lui répondre, elle ne manquerait pas de vous demander de l'aider à essorer un de ses draps. S'en suivrais alors une fascination, comme un état hypnotique et le drap tordu, les plis s'étendraient à vos bras et ensuite votre corps, qui finirais en bien piteux état.

Pris dans un tel mouvement, la seule façon connues de se défaire du fantôme est de détordre le linge au fur et a mesure que le spectre l'enroule.


On dit, que ces lavandières d'un genre particulier on une apparence de vielle femme, mais que leurs tailles est bien plus grande que celle d'un grand gaillard. Elles traversent les étendues d'eau comme les étendues de joncs ou de ronces. Pour les faire disparaître il faut gagner rapidement une étendue de terre fraîchement labourée car elle s'y enfonce et s'évaporent.


©Photo: Peinture de Yan' Dargent, "Les lavandières de la nuit", vers 1861, Musée des Beaux-Arts, Quimper.

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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 14:46

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L'Ankou est l'ouvrier de la mort (oberour ar maro).

Le dernier mort de l'année, dans chaque paroisse, devient l'Ankou de cette paroisse pour l'année suivante.

On dépeint l'Ankou, tantôt comme un homme très grand et très maigre, les cheveux longs et blancs, la figure ombragée d'un large feutre. Mais aussi sous la forme d'un squelette drapé d'un linceul, et dont la tête vire sans cesse au haut de la colonne vertébrale, ainsi qu'une girouette autour de sa tige de fer, afin qu'il puisse embrasser d'un seul coup d'oeil toute la région qu'il a mission de parcourir. Dans l'un et l'autre cas, il tient à la main une faux. Celle-ci diffère des faux ordinaires, elle a le tranchant tourné en dehors. Aussi l'Ankou ne la ramène-t-il pas à lui, quand il fauche, contrairement à ce que font les faucheurs de foin et les moissonneurs de blé, il la lance en avant.

Le char de l'Ankou (karrik ou karriguel ann Ankou) est fait à peu près comme les charrettes dans lesquelles on transportait autrefois les morts. Il est traîné d'ordinaire par deux chevaux attelés en flèche. Celui de devant est maigre, efflanqué, se tient à peine sur ses jambes. Le suivant est gras, a le poil luisant, est franc du collier.

L'Ankou se tient debout dans la charrette. Il est escorté de deux compagnons, qui tous deux cheminent à pied. L'un conduit par la bride le cheval de tête. L'autre a pour fonction d'ouvrir des barrières des champs ou des cours et les portes des maisons. C'est lui aussi qui emplie dans la charrette les morts que l'Ankou a fauchés.
Lorsque l'Ankou se met en route pour sa tournée, sa charrette est, dit-on pleine de pierres, afin de rouler plus lourdement et de faire plus de bruit. Arrivé près de la maison où se trouve le moribond qu'il doit cueillir, il décharge brusquement sa charrette, pour faire place à son nouveau "lest". De là ce fracas de pierraille que l'on entend si souvent dans les logis où l'on veille un mourant, juste à l'instant où celui-ci rend le dernier soupir.

Les légendes de la mort on toujours fait partit du patrimoine breton. La mort à toujours été un culte pour les bretons. L'Ankou est celui qui la représente en Bretagne, appélée aussi "la faucheuse" ou "Grim Reaper" dans d'autres pays.

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